Des solutions collectives élaborées par les élèves
Le constat est alarmant : qu’il se dégage des études approfondies d’Airparif ou des relevés empiriques des élèves, la qualité de l’air en Ile de France laisse à désirer... Et même si elle s’améliore, la pollution reste néanmoins un facteur de risque de mortalité avéré. Les relevés des élèves montrent qu’il existe une pollution chronique, même en dehors des pics de pollution, dont les médias ne parlent pas… et qui coûte cher à la société.
Lorsqu’on constate qu’un tiers des particules fines et 64% des oxydes d’azotes (NOx) sont dus aux transports en Ile de France, c’est aussi bien en termes sociétaux qu’économiques que se posent les enjeux. Les élus prêts à parier leur mandat sur l’impopularité des mesures anti-voitures ne sont pas légions, les entreprises capables de doubler leur budget livraison pour passer par la voie ferrée, ou les banlieusards motivés pour sacrifier 20 min de sommeil chaque matin pour prendre le bus ne sont pas non plus très nombreux….
Face à ces forces de rappel, la journée du 12 avril oppose la volonté, la détermination, l’envie de la jeunesse, qui se soucie certes de la faisabilité des mesures proposées mais qui ne baisse pas les bras devant les obstacles.
Ils ont imaginé ou se sont inspirés de ce qui se fait déjà ailleurs, avec succès, comme le transport en commun en site propre, à Nantes par exemple, créer un péage urbain, comme cela se fait à Londres, augmenter le nombre de bicyclettes en circulation (Copenhague a aujourd’hui plus de vélos que de voitures ! ), des smog free tower comme au Pays Bas ou en Chine, la création de voies de circulation dédiées au covoiturage comme aux Etats-Unis.
Que penser d’une application qui mesurerait le nombre de trajets effectués à pieds ou en vélo et récompenserait l’utilisateur par des réductions d’impôt ? Certes complexe à mettre en œuvre concrètement mais inciter financièrement les citoyens à accomplir des écogestes quotidiens grâce à des outils digitaux, c’est une idée qui mérite réflexion…
La question financière est primordiale même si la solution miracle n’existe pas : ils sont conscients qu’il faut à tout prix réduire les inégalités entre ceux qui peuvent s’acheter une nouvelle voiture non polluante et rouler même quand il y a des pics de pollution, et ceux qui gardent leur vieille voiture diesel, habitent à plus de 15 minute d’une gare de transport ou travaillent à plus de 50km de leur domicile…. Financer des transports publics gratuits, des véhicules électriques accessibles à tous, c’est un véritable enjeu social, pas seulement environnemental.
Réduire la circulation routière reste la priorité mais les jeunes franciliens n’oublient pas que leur territoire est aussi agricole : non seulement les plantations sont elles aussi affectées par la pollution, mais l’agriculture contribue également à polluer via les pesticides, qui se retrouvent aussi bien dans notre assiette que dans l’air que nous respirons…
Aérer les salles, éviter les cours d’EPS lors des pics de pollution observés, créer un parcours santé dans le bois à côté, proposer un affichage de covoiturage pour les profs…. Rien qui ne semble impossible à première vue, pourtant la discussion autour du projet de l’horloge magique est emblématique des questions que pose la mise en œuvre de mesures et la vie en société : Pourquoi avoir besoin d’une horloge pour ouvrir les fenêtres des salles de classes ? Quand l’aiguille est sur le rouge, il faut aérer pour réduire le taux de Co2. L’objectivité de l’outil face à la subjectivité de chacun, oui cela marche….
Végétaliser les murs, des immeubles ou antibruit, ce n’est sans doute pas, comme l’ont souligné les experts, la mesure la plus prioritaire ni la plus pertinente … et son coût reste élevé au regard de son efficacité limité. Mais pourtant, si les participants ont tant tenu à garder cette mesure, ce n’est pas anodin : des murs végétalisés c’est beau et c’est visible dans la ville. Or pour marquer les esprits et favoriser les comportements vertueux, il faut des signaux forts. C’est la même démarche qui consiste à faire appel à des célébrités pour sensibiliser les jeunes face au danger de la pollution. Aujourd’hui les voix qui s’élèvent manquent peut-être un peu de … glamour pour être entendues, et suivies.
Si certaines solutions sont très techniques comme le train à lévitation magnétique pour remplacer les métros, d’autres rappellent plus les inventions de Gaston Lagaffe comme le vélo Bulle (qui doit inciter les cyclistes à pédaler même quand il fait froid, en alimentant une dynamo qui chauffe l’habitacle) !
Du bon sens, de la créativité, un peu de poésie, du pragmatisme, une vision, les jeunes franciliens du projet « Prenons notre air en main » ne manquent ni d’idée ni d’énergie. A chacun d’eux aujourd’hui de continuer à agir, à s’engager au quotidien, dans son environnement, avec leurs proches, leurs responsables, leurs élus… Ils donnent l’exemple et l’envie d’aller plus loin. « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait ».
Retrouvez ICI les projets finaux sélectionnés par les élèves.