DSCN1312 Récit d'une journée riche en apprentissage et en partage

 

Salomé, bien droite dans son perfecto vert pomme et le regard assuré, est à l’image des 90 lycéens et collégiens d’Ile de France réunis aujourd’hui à l’UNESCO : ancrée dans son temps, déterminée à changer le futur, pleine d’imagination.

La journée du 12 avril, organisée à l’initiative de la DRIEE, des 3 Académies franciliennes (Paris, Créteil et Versailles), de l’INRA et des associations Monde Pluriel et AirParif est l’aboutissement d’un long travail mené par plus de 800 collégiens et lycéens de 25 établissements, et par leurs professeurs, impliqués dans le projet : « Lycéens, collégiens, prenons notre air en main ! ».

Le quizz de connaissance qui anime la plénière d’ouverture se révèle concluant et sans surprise : après 6 mois de travail sur la pollution de l’air, le NO2, les PM10 ou les PM 2.5, n’ont plus aucun secret pour eux. En Île-de-France, ce sont les transports qui sont majoritairement responsables de la pollution, l’air pollué tue 13 fois plus que la route, et même si la qualité de l’air s’est améliorée depuis 20 ans, les jeunes sont convaincus qu’il faudra encore beaucoup d’efforts pour respirer à plein poumon sans risque…

Des efforts de tous, oui mais aussi des idées novatrices et de la créativité : c’est ce qui ressort des 4 ateliers du matin, qui offrent un panorama de l’ensemble des 27 projets travaillés en classe.

image7Dans chaque établissement, munis par Airparif de capteurs de qualité de l’air intérieur (Air Visual) et extérieur (Airbeam), les lycéens et collégiens ont effectué des relevés sur leurs territoires, en adaptant leurs études aux terrains choisis, proche ou pas d’un grand axe routier, les comparant aux voies plus étroites et moins passantes ou aux espaces verts environnant. Un collège a même tenté la comparaison avec Brighton, leur ville d’échange linguistique ! Certains ont également mesuré l’air intérieur, en comparant les données avec et sans plantes dépolluantes. Ou dans le métro, là où les frottements des rames sur les rails sont responsables d’une grande quantité d’émissions de particules fines, accentuées par l’effet de confinement.

Les données relevées sont alarmantes… A partir de ce constat, ils ont imaginé des projets de sensibilisation, de prévention, de diminution de la pollution, à l’échelle de leur quartier ou de la ville. La diversité des projets et solutions confirme l’implication, l’exigence et l’énergie mises par les élèves et leurs enseignants pour sortir des lieux communs et des solutions « bateaux ». Les équipes ont convoqué leurs connaissances en maths, en physique, en chimie, en techno, en biologie, pour imaginer des projets transversaux pertinents.

Avant la pause déjeuner, petit exercice de démocratie directe ! Les élèves doivent choisir parmi les solutions exposées celles qui seront confrontées aux experts cet après midi, quitte à en fusionner certaines. Pas si simple de renoncer à son bébé … Mais ils se prêtent de bonne grâce au jeu des critères : pour être éligibles, les projets doivent être « acceptables socialement », « économiquement viables » et impactant réellement l’environnement. Au gré d’un débat mouvant, parfois animé, 8 projets sont sélectionnés pour passer au crible de l’expertise.DSCN1289

Professionnels de la qualité de l’air d’Airparif, maitre de conférences à l’INRA ou spécialistes des territoires (DRIEE, Mairie du 20ème, Agglomérations de Meaux, cœur d’Essonne et Paris Est Marne & Bois), les experts sont mis à contribution : les plantes sont-elles vraiment une solution ? La gratuité des transports en commun, c’est séduisant, mais est-ce possible ? Qui va payer ? Privilégier les voitures électriques ce n’est pas aussi discriminer les ménages pauvres ?

Les questions fusent de toute part et portent autant sur les modèles économiques que sur les préoccupations quotidiennes des jeunes. Comment tout concilier ? Et finalement qu’est ce qu’on est prêt à faire tous les jours, pour limiter la pollution ? Dans cet échange, la frontière entre les jeunes et les experts s’amenuise. C’est en qualité d’acteurs du changement, fort d’une expérience concrète, que la légitimité se construit….

Malgré le sérieux des propos et des enjeux, c’est avec humour et décontraction que les lycéens et collégiens présentent leurs versions finales des projets, en clôture de cette journée : petite saynette, fausse interview, titre accrocheur, slogan percutant : au delà de la faisabilité technique ou économique des projets, ils ont bien compris que pour parler aux jeunes et les inciter à agir, la communication joue un rôle primordial. Les projets « coups de cœurs » des jeunes ne remplissent pas forcément tous les critères décisionnels, mais ils ont le mérite d’interpeller les citoyens sur l’urgence à « changer d’air pour sauver notre ère » !